Une mesure de l'évolution des consommation
L’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) et l'Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé (INPES) ont publié un document de synthèse sur Les niveaux d’usage des drogues en France en 2010. Il s'y confirme que le cannabis est le produit illicite le plus consommé en France. En 2010, parmi les adultes âgés de 18 à 64 ans, un tiers déclare en avoir déjà consommé au cours de leur vie, 8 % au cours des 12 derniers mois, 4 % au cours du dernier mois. Ces usages touchent particulièrement les jeunes générations. Il y a donc en France entre 13 et 14 millions de personnes qui ont déjà expérimenté le cannabis, presque 4 millions qui en ont consommé dans l'année écoulée, entre 1 et 1,5 millions qui en ont un usage régulier et au moins un demi-million qui en ont un usage quotidien. Il s'agit donc bien d'un phénomène social de grande ampleur, et non d'un amusement de quelques hippies attardés.Il ne s'agit pas non plus d'un simple défi d'adolescence. La consommation de cannabis concerne surtout les jeunes adultes, elle diminue ensuite avec l’âge. La proportion d’individus ayant expérimenté le cannabis est maximale entre 26 et 34 ans chez les hommes (64 %), et diminue ensuite pour atteindre 13 % entre 55 et 64 ans. Chez les femmes, la proportion d’expérimentatrices de cannabis se situe autour de 40 % entre 18 et 34 ans pour tomber à 7 % entre 55 et 64 ans.
Enfin, à ceux qui en doutaient encore, on peut livrer ce constat incontournable : la prohibition officielle de l'usage du cannabis n'a nullement empêché son augmentation continue au fil des ans (voir le graphique ci-dessous). Il ne fait donc aucun doute que la prohibition est en réalité une politique de l'autruche : sa cacher derrière l'interdit pour ne pas voir la réalité qui s'en moque.
Des propositions pour une véritable réglementation des consommations de drogues
Loin des postures politiciennes qui empoisonnent le débat public, le Forum Français pour la Sécurité Urbaine (FFSU) vient par ailleurs de mettre en ligne une brochure très intéressante.D'abord par son approche global pragmatique et réaliste : « Qu’elles soient licites ou illicites, les substances psychoactives font partie de nos sociétés. Aussi, exiger une société sans drogues est illusoire. Les villes se trouvent, dès lors, confrontées à une quadruple problématique en matière de drogues : 1) économies transgressives ; 2) effets en terme de santé publique ; 3) impacts sur l’occupation de l’espace public ; 4) sentiment d’insécurité parmi la population ».
Ensuite par sa volonté de dégager de « bonnes pratiques » pour travailler concrètement dans un objectif de réduction de ces risques à l'échelle locale. Ainsi, pendant trois ans, les villes de Marseille, Créteil, Lille, Aubervilliers, Lormont, Montpellier, Courcouronnes et Valenciennes ont mis en commun leurs diagnostics et leurs expériences, pour essayer d'apporter la réponse la plus appropriée et la plus efficace aux problèmes posés localement et quotidiennement par la drogue. Le constat de départ est que les problèmes ne se posent pas de la même façon selon les territoires. Il faut donc privilégier une réponse locale plutôt que l'application uniforme d'un dispositif national. Le résultat de l'expérience montre ensuite que, pour avoir une action durable de réduction des risques, il est notamment essentiel de bien informer (et non chercher à faire peur) les citoyens à commencer par les plus jeunes et leurs parents, de bien former les acteurs de première ligne, de faire travailler les institutions en véritable partenariat pour augmenter leur capacité à trouver des solutions aux situations de crise et pour bâtir des stratégies communes, de se donner les moyens d'un vrai travail d'insertion et d'accompagnement social des toxicomanes.
Quant à la réponse pénale, les conclusions de ce forum rejoignent celles de tous les organismes européens et internationaux (rapports de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, déclaration finale de la Conférence de Vienne, Déclaration de Prague, etc.). On peut les résumer en trois attendus fondamentaux : 1) il ne sert à rien (sinon à harceler les "minorités visibles" par des contrôles au faciès) de chercher à dissuader les consommateurs par des sanctions pénales, 2) il faut se doter de vrais moyens de prise en charge thérapeutique des toxicomanes, 3) la répression doit être orientée fondamentalement sur la lutte contre les trafics et les économies souterraines qu'ils génèrent à l'échelle nationale et internationale.
Sortir du manichéisme, comprendre qu'il existe une troisième voie
Nous sommes encore loin, très loin du compte en France où une certaine rhétorique politicienne manichéenne a enfermé la discussion (comme sur la sécurité de manière générale) dans une opposition entre rigueur et laxisme. Ce simplisme pollue notamment ce débat sur les drogues, faisant prendre à la société française des années de retard dans le traitement de certains problèmes sociaux. Entre pénalisation et dépénalisation, entre prohibition et laisser-faire, il existe en réalité une troisième voie : la réglementation. Prendre acte d'une réalité et se donner des règles pour la gérer dans l'intérêt public. Quelles règles ? C'est là qu'un débat politique digne de ce nom devrait commencer.Pour aller plus loin :
* Voir le dossier « Drogues, sortir de l'hypocrisie française », dirigé par Michel Kokoreff (Université de nancy 2) sur le site Délinquance, justice et autres questions de société.
source
Marijuana : Les plantations poussent en France
RépondreSupprimerLa culture de la marijuana serait en forte hausse dans toute l'Europe, notamment en France au grand dam des autorités. Malgré des démantèlements ces derniers jours, l'herbe s'implante progressivement.
Silence, ça pousse ! L'Europe doit faire face à une vague verte depuis plusieurs mois. En effet, de plus en plus de plantations de marijuana sont retrouvées dans le continent mais aussi en France. Les spécialistes de l'observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) ont récemment publié un rapport dans lequel ils soulignent que « depuis plus de dix ans, le nombre de plantations découvertes est en augmentation exponentielle ». Un dossier du Parisien paru ce dimanche informe même qu'en France, 550 plants ont été trouvés par les gendarmes dans l'Aude. Jeudi, un quartier de Montigny-lès-Metz (Moselle) a été le théâtre du démantèlement d'un réseau de marijuana. 1,3 kilo de produit a été saisi. Mais on se retrouve dans une situation où l'arbre cache la forêt. Car, au moins 150.000 Français cultiveraient cette plante. La marijuana est une des deux principales formes du cannabis avec le haschisch. C'est une herbe, essentiellement constituée des fleurs de la plante, séchées.
Des sites web consacrés à la marijuana
Pour démontrer la montée de la cultivation de la marijuana dans l'Hexagone, Le Parisien offre quelques chiffres retentissants. On apprend ainsi que pas moins de quatre millions de Français ont consommé au moins une fois du cannabis, en 2010. Cette année, ce chiffre devrait être en augmentation. En 2005, 32 tonnes de cannabis ont été produites dans le pays, soit 12% de la consommation totale. Mais qu'est-ce qui pousse ces personnes à cultiver leur propre herbe ? L'OFDT écarte l'hypothèse du lien avec « des organisations criminelles » préférant plutôt celle de la « consommation personnelle ». Par ailleurs, il est de plus en plus aisé de trouver comment cultiver la marijuana puisque des sites Internet proposent leurs services un peu partout sur la Toile. La marijuana semble avoir de beaux jours devant elle.
Par Anthony Poix
source
http://www.cannaweed.com/topic/148162-la-culture-de-la-marijuana-explose-en-france/